TASSS #3 : les paramètres opérationnels spécifiques

sauvetage de sauveteur

Introduction

L’objectif du commandant des opérations de secours est de réussir sa mission en rentrant au CIS avec toutes ses équipes. Cependant, il est évident que les missions ont connu une évolution significative au cours des dernières décennies, ce qui exige une adaptabilité permanente des intervenants.

Le sapeur-pompier du XXIème siècle s’est transformé en un technicien polyvalent avec une croissance incontestable de ses compétences. Les dangers sont constants et peuvent engendrer des situations imprévues avec des conséquences parfois violentes.

Afin de faire face, le sapeur-pompier doit améliorer ses paramètres opérationnels.


Contexte

L’apprentissage du sapeur-pompier se concentre sur un tronc commun, comprenant des formations et une amélioration des compétences acquises. En outre, la formation et l’entraînement spécifique pour maintenir un niveau opérationnel optimal sont essentiels dans des domaines tels que le secours périlleux, le risque chimique, les feux de forêt…

L’entraînement doit se concentrer sur les aspects techniques, physiques et mentaux pour atteindre une efficacité opérationnelle même dans des situations défavorables.

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illustration : Drakkar

Avant intervention

Les connaissances générales

Les comportements et les méthodes varient selon les intervenants, il est essentiel d’acquérir des connaissances et d’analyser une zone opérationnelle.

 L’enseignement peut se concentrer sur :

L’entraînement en centre de secours

Dans le but d’améliorer les compétences individuelles et collectives, la préparation opérationnelle fait partie de l’ADN du sapeur-pompier.

La réalisation de différents exercices permet de se préparer. On peut citer la familiarisation avec l’Appareil Respiratoire Isolant en vision occultée, ce qui favorise le développement du sens auditif et du toucher. Également, certains modules tels que le passage étroit ou le franchissement de fils et de câbles facilitent la formation en milieu hostile.

La gestion émotionnelle

L’intervention la plus complexe consiste à combattre la « tunnelisation » et donc à se concentrer sur un détail qui nuit à notre perception.

Vidéo réalisée par Sébastien Berthus

Ces mauvaises informations ont un impact sur la sécurité personnelle et collective, d’autant plus que les décisions prises peuvent être dangereuses.

Notre stress est considérablement augmenté par l’effet tunnel. Des techniques d’optimisation du potentiel permettent de prévoir le niveau de vigilance en amont en gestion de cette tension opérationnelle. De plus en plus de SIS font appel à ces méthodes.

L’activité physique

La préparation physique opérationnelle joue un rôle essentiel dans l’accomplissement des missions confiées. Les encadrants d’activités physiques doivent ajuster les séances des personnels en fonction des exigences opérationnelles.


En intervention

L’anticipation

Les acteurs doivent développer une culture de l’anticipation pour assurer leur sécurité lors des opérations.

Pour la sécurité des sapeurs-pompiers, il est donc important de prévoir, dès que possible et lors d’opérations à l’intérieur de bâtiments, des itinéraires de repli et de secours afin de pouvoir extraire un équipier ou un binôme d’une situation de danger imminent.

GTO Sauvegarde Opérationnelle- les itinéraires repli et secours - Matthieu Robert
GTO Sauvegarde Opérationnelle – Les itinéraires de repli et de secours –
Matthieu Robert

La continuité de l’intervention

L’accident survenu lors de l’intervention d’un sapeur-pompier a des répercussions sur tout le personnel impliqué dans l’opération. La dimension psychologique peut entraîner des réactions inadaptées des équipes présentes sur place, voire des phénomènes de sidération qui pourraient compromettre la sécurité et la continuité de l’intervention.

Le COS devra adopter des positions appropriées pour prendre en compte les personnels impactés, stabiliser l’intervention et définir les renforts nécessaires, notamment pour l’application de la procédure d’évacuation d’urgence.

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FTO procédure d’évacuation d’urgence – SDIS36.
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crédit : Fabien Viard / Benjamin Belleuvre

Le renfort en secours

Le sauvetage d’un sapeur-pompier blessé ou en difficulté demande des ressources humaines et matérielles considérables. Il faut à la fois assurer la continuité de l’intervention en cours et mettre en œuvre un dispositif spécifique pour la recherche, la sécurité et la prise en charge du sapeur-pompier « victime ».

Dans cette situation, le CODIS répond à l’événement pour permettre une croissance rapide du dispositif. Les informations fournies par le COS et les ressources disponibles permettront de déterminer les renforts :

  • Engager les moyens humains et matériels nécessaires (GINC, GELD…) ;
  • Assurer la couverture opérationnelle du ou des CIS ;
  • Informer rapidement les autorités hiérarchiques.

Dans le contexte opérationnel, il est crucial que :

  • Le chef d’agrès veille à ce que le personnel engagé soit en parfaite condition physique et mentale, et qu’il maîtrise les techniques de « sauvetage de sauveteur ».
  • Il s’assure que le binôme de sauvetage puisse accomplir la mission sans risquer sa vie.
  • Le binôme de sauvetage transporte les outils (sangles, Halligan Tool, caméra thermique…) pour faciliter la recherche et l’évacuation de la victime.
  • La capacité d’air du binôme de sauvetage doit être suffisante : pression des ARI d’au moins de 270 bars.

La mission exclusive et prioritaire du binôme de sauvetage est d’extraire un ou plusieurs sapeurs-pompiers. Sa mission ne peut en aucun cas être associée à une mission de reconnaissance ou d’attaque.

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Crédit : Fabien Viard / Benjamin Belleuvre

Post intervention

L’impact émotionnel

Le sauvetage d’un « collègue » en opération est une situation émotionnellement très difficile pour les personnels impliqués. Il en résulte en effet un niveau de stress qui peut dépasser le respect des procédures et la continuité de l’intervention, pouvant même, dans le futur, conduire à l’auto-engagement anarchique des intervenants.

Le COS prend en considération cette dimension lors de la gestion de son personnel et de l’accompagnement psychologique des « sauveteurs ».

Les outils de gestion

Lorsqu’une problématique survient lors d’une intervention, il y a différents outils de gestion tels que le débriefing opérationnel et le « défusing ».

En effet, le « traumatisme » est associé à la façon dont le souvenir est conservé dans le cerveau et à sa façon d’être modifié. C’est dans le présent que le cerveau humain se « rejoue ». Le cerveau limbique conserve le souvenir et n’est pas accessible au cortex. Il n’a pas été assimilé.

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Source : Eyrolles

La méthode présentée ci-dessous, appelée SPASA, est celle de la maïeutique socratique. La maïeutique socratique est basée sur l’interrogation et cherche à faire prendre conscience à un interlocuteur de ce qu’il sait au fond, à l’exprimer et à le juger.

Le SPASA, abréviation de Situation Problématique Analyse Solutions et Actions, est un outil qui permet de distinguer notre intelligence rationnelle de notre intelligence émotionnelle.

Devant une situation inattendue, des événements surviennent et provoquent de fortes émotions avec une vigilance excessive non maîtrisée. Cela entrave l’efficacité et la sérénité des actions.

La Situation est de décrire l’intervention que nous avons rencontrée.

La Problématique est de synthétiser en quelques mots les difficultés rencontrées.

La situation et la problématique offrent la possibilité de développer la dimension émotionnelle.

L’Analyse vise à saisir les causes et les modalités de l’apparition de ce problème.

La Solution consiste à découvrir la solution la plus adaptée à mettre en Action. L’objectif est de prendre des mesures pour éviter de se retrouver dans une situation problématique.

Cet outil offre la possibilité de gérer les émotions tout en résolvant les problèmes de manière logique.


En conclusion

La prise en considération des divers paramètres opérationnels est un travail constant qui demande une humilité permanente. Il n’y a pas de personne à l’abri d’une situation qui se détériore et se transforme en drame. Un sapeur-pompier a pour responsabilité de se préparer au mieux pour faire face aux difficultés opérationnelles, même si tous les paramètres opérationnels ne seront pas optimaux.

L’humilité est le contrepoison de l’orgueil.

VOLTAIRE

Sources et crédits

  • Document opérationnel SDIS 36
  • Photos : Cyril Ducoudray / Benjamin Belleuvre
  • Illustration du cerveau – Eyrolles
  • Chaine Youtube : SDIS 18 – SDIS 68 – Sébastien Berthus – Cyril Ducoudray
  • GTO sauvegarde opérationnelle – illustration : Mathieu Robert

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