Sauvetage de sauveteur (TASSS) pour le sapeur-pompier #1

tasss

L’actualité

Un « Guide de Techniques Opérationnelles » (GTO) sur la sauvegarde opérationnelle du sapeur-pompier a été récemment publié par la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC). Rescue18 vous propose donc une série d’articles sur la thématique du sauvetage du sauveteur (TASSS).

Sauvetage sauveteur R18
illustration : Drakkar

Historique

En septembre 2002, cinq sapeurs-pompiers de la caserne de Champerret (BSPP) perdent la vie lors d’un incendie dans une chambre de bonne à Neuilly-sur-Seine (92). Quelques semaines plus tard, un suraccident survient à Loriol (26) et cause la mort de cinq sapeurs-pompiers.

Suite à ces deux tragédies, le ministre de l’intérieur, M. Nicolas Sarkozy, charge le colonel Christian Pourny, responsable de l’inspection de la Sécurité Civile, d’examiner toutes les missions confiées aux sapeurs-pompiers. En décembre 2003, le rapport Pourny est publié et compte 220 recommandations concernant les phénomènes tels que les accidents de voiries, les accidents sur feux de forêt et les accidents thermiques, en se dirigeant vers une évolution technique, formative et sécuritaire.

Au cours de la nuit du 17 au 18 janvier 2010, les secours de La Rochelle sont mobilisés pour lutter contre un incendie d’atelier chez la société DEM Atlantique qui est spécialisée dans le conditionnement de crevettes surgelées. Lors de l’attaque, au premier étage de l’entreprise, un binôme est confronté à un phénomène thermique similaire à un Fire Gas Ignition (FGI) de type « flash-fire ». Seul l’équipier put sortir de ce brasier lors du repli. Malheureusement, le chef d’équipe décéda.


Les TASSS arrivent en France

Suite à ce drame, le SDIS 17 reçoit des recommandations du bureau de prévention d’accidents et d’enquête (BPAE) de la DGSCGC qui incluent la mise en place d’une méthode spécifique pour sauver le personnel en opération. 

SDIS 17

Le lieutenant Benjamin Belleuvre (SPP au SDIS 17) part étudier les méthodes d’auto-sauvetage et de sauvetage de sauveteurs auprès des centres de formations des pompiers de New-York, de Philadelphie et du Québec. 

À son retour d’étude, il présente au directeur départemental du SDIS 17 un rapport contenant une liste de procédures opérationnelles adaptables au système de sécurité civile français. Un groupe de sapeurs-pompiers Rochelais se concentre sur l’adaptation des méthodes rapportées outre-Atlantique, puis le SDIS 17 approuve la formation des techniques d’auto-sauvetage et de sauvetage de sauveteurs.

Depuis 2013, le SDIS de Charente-Maritime dispense également une formation aux SDIS extérieurs afin de développer leurs compétences en techniques de sauvegarde individuelle et collective. Au fil des années, les différents « Guides de Techniques Opérationnelles » (GTO) relatifs aux opérations de sauvetage abordent également les aspects techniques, jusqu’à la publication en février 2024 du GTO Sauvegarde Opérationnelle.

gto sauvegarde operationnelle
GTO – DGSCGC

Quelle préparation pour le sapeur-pompier ?

Le sapeur-pompier doit prendre conscience que la préparation à la sauvegarde opérationnelle individuelle et collective se compose de trois aspects essentiels :

  • Une préparation physique appropriée ;
  • Une formation sur les techniques spécifiques ;
  • Une préparation mentale.

Ces trois éléments sont indispensables pour les sapeurs-pompiers lorsqu’ils sont confrontés à un danger immédiat et doivent être présents à l’esprit de l’équipier au chef de site.


La préparation physique

 » Entrainement difficile, guerre facile. « 

Légion étrangère.

En règle générale, une pratique régulière d’activités physiques contribue à améliorer notamment son endurance cardio-pulmonaire et sa condition physique. Il est primordial que le sapeur-pompier conserve un niveau physique adéquat pour les tâches qui lui sont assignées.

Ainsi, l’entraînement débute par l’aspect personnel, en particulier en pratiquant régulièrement la course à pied. Ensuite, une approche spécifique de la préparation physique opérationnelle amène le sapeur-pompier à effectuer des séances en lien avec la réalité de l’intervention afin d’améliorer son efficacité.


Les procédures et méthodes spécifiques

Les méthodes d’auto-sauvetage et de sauvetage de sauveteur présentent des particularités car chaque événement grave est unique, mais les sapeurs-pompiers doivent agir avec une sécurité maximale.

Pour résoudre cette situation, il est essentiel de ne pas se retrouver dans un « effet tunnel », ce qui pourrait mettre en péril l’organisation des secours.

Il est nécessaire de se préparer en amont, notamment en acquérant la maitrise des diverses techniques d’auto-sauvetage et de sauvetage de sauveteur. En outre, il est essentiel de mettre en place notamment la procédure d’évacuation d’urgence, le message de détresse, la procédure AAALEERTER.

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Éditions Carlo Zaglia

Les sapeurs-pompiers doivent suivre des modules de formation « fondamentaux » afin de s’entraîner. Ces modules permettent de se focaliser sur des passages étroits (verticaux, horizontaux et franchissement de câbles électriques), de se familiariser avec les chemins de repli, d’identifier et de localiser les obstacles…

Pour ce faire, il est indispensable de créer des outils de formation afin de faciliter l’adaptation des sapeurs-pompiers à l’environnement opérationnel.

La formation s’oriente également sur différents ateliers pédagogiques personnalisés, tels que la position d’attente des sauveteurs, la gestion de l’air, la familiarisation avec l’ARI, l’abordage, le packaging, le déplacement d’un sapeur-pompier blessé de divers endroits, le déshabillage rapide ou plus « spécifiques » comme le Nance-drill et le Denver-drill.

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Cyril Ducoudray
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Cyril Ducoudray
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Cyril Ducoudray

Ne pas oublier que le forcement des accès est une mesure sécuritaire pour toutes interventions de feu de structure.

Chaque SDIS propose différentes options pour l’entraînement du sapeur-pompier aux « TASSS », en fonction de son matériel et de son personnel.


La préparation mentale

Quand un sapeur-pompier est confronté à une situation mettant en péril sa vie, il réagit en utilisant sa sensibilité, son expérience personnelle, son expérience opérationnelle et sa formation pour faire face à cette situation anxiogène.

Le comportement du sapeur-pompier consiste à effectuer une action optimale en utilisant les ressources physiologiques et psychologiques à l’instant précis.

Nos habiletés mentales peuvent être développées.

Comment ?

Il existe différentes options de formation pour développer des compétences en gestion émotionnelle telles que la préparation mentale opérationnelle (PMO) ou les techniques d’optimisation du potentiel (TOP). Les méthodes utilisées se concentrent sur la prise en charge du stress, de la fatigue et de la gestion des émotions.

Par exemple, un renforcement positif du port de l’ARI permet de transformer les contraintes physiologiques en avantages. C’est une technique d’optimisation du potentiel (TOP) développée par Marie Filbas du SDIS de la Lozère et praticienne TOP.

FH, PMO et TOP : gestion émotionnelle du sapeur-pompier

Le renforcement positif

Quand le formateur (formé aux Techniques d’Optimisation du Potentiel) prépare une formation spécifique, notamment pour le port de l’ARI, il a la possibilité d’utiliser le Renforcement Positif (R+). Cette approche permet de revivre un évènement passé agréable afin de reprendre l’énergie positive qui lui est associé et de réactiver les stratégies gagnantes. Cela conduit à une augmentation de la confiance en soi et renforce la perception de ses compétences.

Ministère des armées / Centre National des Sports de la Défense

Protocole

  • Préparation et relaxation pour créer un état de détente ;
  • Travail mental de renforcement positif sur le port de l’ARI (extraits) :

« Je vais me voir en tant qu’acteur ou spectateur à 360°. Son volume me rend peut-être plus encombrant mais j’ai modélisé mon nouveau corps en quelque sorte avec cette armure et je sais comment me mouvoir dans l’espace quelle que soit la configuration avec aisance ».

« Le masque, je prends conscience de son appui, de l’appui du demi-masque sur mon nez et mon menton. C’est peut être froid, ou chaud, ou bien à température. Je prends conscience de cette respiration particulière qui m’apporte une surpression qui est ma sécurité ».

  • Reprise dynamisante.

En résumé

En intervention, assurer la sécurité individuelle et collective implique de connaître et de comprendre la situation et de s’extraire du danger si besoin.

« L’Homme et sa sécurité doivent constituer la première préoccupation de toute aventure technologique ».

Albert Einstein
SDIS 83
SDIS 27

Sources et crédits :

  • Mission sécurité des sapeurs-pompiers. (2003, décembre 07). Rapport Pourny.
  • Dr E. Perreaut-Pierre. (2019, mai). Comprendre et pratiquer les Techniques d’Optimisation du Potentiel – 3ème édition.
  • Livres des Editions Carlo Zaglia, la préparation mentale opérationnelle et sauvetage de sauveteur.
  • Chaînes Youtube : SDIS 83, SDIS 27, CNSD.
  • Carte mentale Marion ROZAC.
  • Séance de renforcement positif Marie FILBAS.
  • Documents opérationnels SDIS 36 et SDIS 63.

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