Sapeurs-Pompiers : le GRIMP devient le SMPM – partie 1

photo sauvetage paroi smpm

Au sein des nombreuses spécialités que comptent les sapeurs-pompiers, le GRIMP est récemment devenu le SMPM. Rescue18 vous propose une série d’articles destinée à mieux connaitre cette spécialité ainsi que les différents milieux périlleux, qu’ils soient naturels, structurels ou artificiels.

Constat et évolutions

En avril 2019, la DGSCGC publie le « Guide de Doctrine Opérationnelle » (GDO) relatif aux interventions en milieu périlleux. Une seconde édition verra le jour en juin 2021 ainsi que le « Guide de Techniques Opérationnelles » (GTO), appuyant ainsi la volonté de vouloir rassembler les différentes composantes du secours sapeurs-pompier en milieu périlleux. 

Les moyens traditionnels des sapeurs-pompiers répondent à la plupart des opérations de secours. Cependant, certaines situations nécessitent la mise en œuvre de techniques et de matériels adaptés aux risques particuliers, mis en œuvre par des sapeurs-pompiers spécialisés : secours en milieu périlleux et montagne (SMPM), exploration de longue durée (ELD), sauvetage-déblaiement (USARSD), risques technologiques (RT), etc..

Les équipes spécialisées SMPM interviennent en matière de reconnaissance, de sauvetage, de secours et de sécurisation d’un site où les moyens traditionnels sont inadaptés, insuffisants ou dont l’emploi s’avère dangereux.

On retrouve sur l’ensemble du territoire national de nombreux milieux naturels et artificiels, souvent hostiles, dans lesquels les sapeurs-pompiers sont amenés à intervenir. Ces milieux se caractérisent notamment par un accès difficile (hauteur, profondeur…) et/ou une évacuation délicate de la victime. On parle également de « situations périlleuses » pour toutes les interventions qui, bien que n’étant pas situées dans un milieu spécifiquement périlleux, nécessitent l’emploi de techniques et de matériels liés au milieu périlleux (ex: brancardage en immeuble, bâchage, …).

Ainsi, pour couvrir l’ensemble des situations d’intervention en milieu périlleux, on distingue quatre zones :

  • le milieu souterrain ;
  • le milieu canyon ;
  • le milieu montagne ;
  • les autres milieux périlleux.
capture decran 2024 03 09 a 12.15.36
Crédit photo : Christian Lefèvre

Milieux périlleux

Les sapeurs-pompiers peuvent évoluer :

  • en milieu artificiel : les activités professionnelles génèrent les principaux risques (grue, échafaudages, …) ;
  • en milieu naturel : très souvent liés aux activités sportives et de loisirs ;
  • en milieu souterrain : les sites souterrains comprennent les cavités souterraines naturelles ou artificielles. Ils intéressent l’ensemble du  territoire français (carrières, mines, hydrogéologie…).
milieu souterrain smpm
Crédit photo : Cerema
  • Le milieu montagne

Indépendamment de l’altitude ou de la situation géographique, le milieu montagne possède la particularité d’être caractérisé par son éloignement, son inaccessibilité, sa température et son hostilité, qui peuvent être dangereuses. Des conditions climatiques et météorologiques particulières s’appliquent (vent, pluie, neige, tempêtes, températures extrêmes, etc.).

Le monde de la montagne offre de nombreuses activités (sports, loisirs, travail, etc.) quelle que soit la saison, tant au niveau amateur que professionnel.

Le milieu haute montagne reprend les caractéristiques du milieu montagne, en  y ajoutant un standard d’altitude, et  un engagement encore plus grand (psychologique, physique, physiologique, technique). 

smpm sdis 74
Crédit photo : Stéphane Marcellin Sdis 74
  • Les autres milieux périlleux

De l’incendie,  au  secours d’urgence aux personnes (SUAP), en passant par les interventions diverses, ou encore les risques technologiques (RT), toutes les thématiques opérationnelles des sapeurs-pompiers, lorsqu’elles sont réalisées dans des milieux particuliers, nécessitent la mise en œuvre de techniques spécifiques, réalisées alors par des sapeurs-pompiers spécialistes.

On parle alors de « situation périlleuse ». Dans ces cas, ces milieux sont répartis en deux types d’environnements, milieux évoqués précédemment :

  • les milieux naturels ;
  • les milieux artificiels.
GRIMP

Le milieu périlleux naturel

Les critères pour définir le milieu périlleux naturel comprennent :

  • la verticalité des falaises et blocs rocheux (zone de travail devant être sécurisée, cheminement périlleux, érosion…) ;
  • la hauteur des arbres ;
  • la profondeur des excavations et des puits ;
  • l’horizontalité des galeries (réseaux urbains, CPCU, égouts,…) ;
  • les plans inclinés (ravins, contrebas de chaussée…).

Le milieu périlleux artificiel

Les critères pour définir le milieu périlleux artificiel comprennent :

  • les bâtiments et structures (centrales nucléaire, unités classées « Seveso », grues, châteaux d’eau, pylônes, lignes HT et THT, éoliennes, structures foraines, silos….) ;
  • la verticalité des constructions liée à la hauteur ou à la profondeur mais également aux accès particuliers et/ou complexes (IGH, ITGH. immeubles d’habitation, …) ;
  • les nouveaux transports urbains (téléphérique, …) ;
  • les ouvrages d’art (pont, viaduc, tunnel, barrage, …).

Les situations périlleuses étant par nature très diversifiées, l’intervention des secours peut être sollicitée dans le cadre suivant : 

  • personnes égarées (égouts, catacombes, …) ;
  • personnes blessées (pratique d’une activité sportive, chutes, …) ;
  • personnes malades (évacuation difficile) ;
  • personnes bloquées (notion de hauteur, profondeur) ;
  • opérations de lutte contre l’incendie ;
  • accidents divers ;
  • réquisitions. 
smpm sdis 36 nr aziliz leberre
Crédit photo : La Nouvelle République Aziliz Le Berre

Les acteurs de la réponse opérationnelle SMPM

Le SIS construit sa réponse opérationnelle sur la base de la doctrine opérationnelle, le schéma d’analyse et de couverture des risques (SDACR) et en lien avec les contrats territoriaux de réponses aux risques et aux effets de menaces (COTRRIM).

Pour s’assurer que cette réponse opérationnelle découle des détails du terrain et de l’adéquation des moyens du SIS, le commandant des opérations de secours (COS) peut, en cas de doute, faire appel à des experts du SMPM pour évaluer l’intérêt de mesures particulières spécifiques pour répondre à des situations dangereuses.

Cette spécialité comprend trois emplois :

  • l’équipier intervient seul, en binôme ou en équipes constituées, dans le cadre de trois missions principales :
    • l’exécution d’un sauvetage ou d’un secours ;
    • l’équipement de site dans le cadre de l’opération SMPM ;
    • l’exécution de reconnaissances.
  • le chef d’unité conseille le COS et dirige une unité SMPM, composée de 6 équipiers maximum, soit 3 binômes ;
  • le chef de section conseille le COS et peut :
    • diriger plusieurs unités ;
    • coordonner l’aspect technique d’une opération de secours ;
    • intégrer un poste de commandement ou une salle opérationnelle.
Crédit photo : Ouest France
Crédit photo : Ouest France
capture decran 2023 01 02 a 10.26.42
Insignes SMPM 4/11/2022. Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion de Crise


Insignes autorisés sur les uniformes de sapeurs-pompiers


Témoignage d’un Équipier SMPM

sandrine imp 2
Crédit photo : SMPM Sdis 36

Organisation de la réponse opérationnelle SMPM

republicain lorrain grimp
Crédit photo : Le Républicain Lorrain

Dans le cadre de ses missions de secours ou de sauvetage de personnes, l’unité SMPM s’efforce d’assurer dans les plus brefs délais, l’abordage et la prise en charge de la/des victime(s) par les équipiers et/ou les personnels présents (sapeur-pompier non SMPM, membres du SSSM, etc…).

Ces opérations doivent se réaliser dans les meilleures conditions de sécurité et confort possibles, pour la/les victime(s), comme pour les intervenants. En arrivant sur le lieu de l’opération. le chef d’unité prend contact avec le commandant des opérations de secours (COS).

Il est attentif à la situation générale, recueille les informations et les avis liés au contexte opérationnel.  

Au fur et à mesure de sa reconnaissance, il élabore son idée de manoeuvre qu’il propose au COS en s’appuyant sur les éléments relevés sur le terrain. 


Les situations opérationnelles

Les interventions en milieux périlleux et montagne peuvent entraîner différentes formes de sollicitations des moyens des SIS comme :

  • le secours d’urgence à personnes (SUAP)
    • la personne bloquée physiquement (fatigue, épuisement, …) ;
    • la personne blessée, malade (évacuation de personne de forte corpulence), nécessitant une évacuation technique, secours routiers accès difficile, …) ;
    • la personne égarée.
grimp 13
Crédit photo : Sdis 13
grimp et plg sdis 11 1 1
Crédit photo : Sdis 11
  • la protection des animaux, des biens et de l’environnement :
    • les pollutions (animaux morts, hydrocarbures…) ;
    • la sécurisation des biens (bâchage, objet menaçant de tomber,  dépose et mise en sécurité, …) ;
    • le sauvetage et dégagement d’animaux domestiques et/ou sauvages (chute, enlisement, blocage technique,…).

Les spécialistes SMPM participent à l’appui et à la sécurité des intervenants  dans le cadre :

  • d’opérations de lutte contre l’incendie en zone d’accès difficile, en montagne, en site souterrain ;
  • de risques particuliers (technologique, chimique, radiologique, milieu effondré ou instable, nautique, avec équipes cynotechniques, exploration longue durée, …).

La documentation opérationnelle 

Du fait de leurs connaissances spécifiques de nombreux environnements à risques, les responsables d’équipes spécialisées sont souvent impliqués dans l’élaboration de documents de mise en œuvre opérationnelle en collaboration avec différents services des SIS et les services partenaires.

cotrrim 1
Contrat Territorial de Réponse aux Risques et aux effets de Menaces
  • le contrat territorial de réponse aux risques et aux effets des menaces (COTTRIM) ;
  • le schéma départemental d’analyse et de  couverture des  risques (SDACR) ;
  • les dispositions spécifiques ORSEC et les textes afférents (ex : circulaire du 6 juin 2011 relative aux orientations générales pour la mise en oeuvre des moyens publics concourant au secours en montagne et sa formulation dans le cadre d’une disposition spécifique ORSEC) ;
  • les plans ETARE et atlas  spécifiques (topographie, consignes opérationnelles, données système information géographique, plan des pistes, …)  
  • les recueils des espaces, des sites et des itinéraires par secteur et par activité ;
  • les guides de doctrine et de techniques opérationnelles ;
  • les ordres d’opérations nationaux et zonaux ;
  • les partages d’expérience et/ou les partages d’information opérationnelle

Les cas particuliers : 

Les dispositions spécifiques ORSEC. Les départements possédant des dispositions spécifiques ORSEC appliqueront les mesures propres :

  • à l’alerte ;
  • à l’engagement des moyens prévus (conférence à 3, qualification de l’intervention, suivi de l’intervention, …) ;
  • à l’organisation du commandement des opérations de secours. 
Dispositif ORSEC 
Crédit photo : Ministère de l'Intérieur
Dispositif ORSEC
Crédit photo : Ministère de l’Intérieur

La montagne

La loi n°85-30 du 9 janvier 1985 relative au développement et à la protection de la montagne modifiée par la loi n°2016-1888 du 28 décembre 2016 précise la répartition suivante des secours :  

  • les secours privés (lorsque le maire décide de confier la distribution des secours aux personnes, sur les pistes, à un opérateur privé) sont engagés sur le domaine skiable et sur les secteurs hors-pistes  accessibles par remontées mécaniques et revenant gravitairement sur le domaine skiable ;
  • les secours publics sont engagés hors domaine skiable et sur le hors-piste de proximité, c’est-à-dire au-delà de la zone définie pour les secours privés. 
capture decran 2023 01 11 a 14.44.29
Crédit photo : Pascal Rossignol

La circulaire du 6 juin 2011 relative aux orientations générales pour la mise en oeuvre des moyens publics concourant au secours en montagne et sa formalisation dans le cadre de dispositions spécifiques ORSEC, fournit les éléments nécessaires à la mise en place d’un dispositif coordonné de secours en montagne.

Elle prévoit la qualification de la demande des secours en montagne sous la double condition suivante : 

  • la nécessité de mettre en oeuvre des techniques et des matériels spécifiques 
  • les critères propres à la situation (conditions météorologiques, type de terrain, accessibilité, degré d’urgence, disponibilité des acteurs , nombre de victimes, etc.).

Classification des opérations

Cette circulaire fixe également les modalités de désignations et de compétences requises du COS en fonction de l’évolution de l’opération de secours. Pour ce faire, il est fait une distinction entre une opération simple, une opération complexe et une opération d’envergure

  • l’opération simple est une opération courte sur un site unique et ne nécessitant pas de renfort important. Le COS est assuré par le chef de caravane ;
  • l’opération complexe nécessite une coordination par une structure de commandement avancée a fortiori si elle s’inscrit dans la durée ou implique un grand nombre d’acteurs du secours. Le COS est désigné par le préfet à partir de la liste annuelle des cadres issus des unités spécialisées ou détenteurs de compétences spécifiques régulièrement entretenues ;
  • l’opération d’envergure nécessite une coordination par une structure de commandement interservices, implique un grand nombre d’acteurs du secours mobilisant à la fois des techniques de secours en montagne et des actions de secours ou d’appui technique relevant des SIS. Le préfet désigne le DDSIS ou son représentant en qualité de COS, ce dernier est assisté d’un chef d’opération montagne de l’unité spécialisée chargée du contrôle tactique des moyens mis à disposition.  

https://fb.watch/qOU_lXaz-x/


Les différents acteurs

En raison de la grande diversité d’environnements rencontrés, il existe également un grand nombre de partenaires des SIS.  Qu’il s’agisse de supports techniques, humains, logistiques ou d’expertises, les acteurs clés sont :

Les différents services de l’État (liste non-exhaustive) :

  • la Gendarmerie Nationale (notamment le peloton de gendarmerie de (haute-) montagne (PGM – PGHM) et la section aérienne / détachement aérien (SAG/DAG)) ;
  • la Police Nationale (dont les compagnies républicaines de sécurité (CRS) du secours en montagne) ;
  • les SAMU et SMUR ;
  • les moyens nationaux de la sécurité civile (dont les hélicoptères de la sécurité civile).
pghm pompiers
Crédit photo : Le Dauphiné Libéré/Grégory Yetchmeniza

https://www.facebook.com/sharer/sharer.php?u=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Fpermalink.php%3Fstory_fbid%3D428643869427872%26id%3D100068467880973&display=popup&ref=embed_post&src=post


Les services privés :
  • les services des pistes, patrouilleurs et pisteurs VTT (« bike patrol ») ;
  • les gardiens de refuges, de parcs ;
  • les sociétés privées d’hélicoptères ;
  • les sociétés de remontées mécaniques ;
  • les professionnels de l’encadrement (guides, moniteurs nationaux…) ; 
  • les services de secours transfrontaliers.

Les associations agréées de sécurité civile et autres organisations :
capture decran 2022 07 11 a 12.03.05


Partenaires

Retour en haut
Aller au contenu principal