Au sein des nombreuses spécialités que comptent les sapeurs-pompiers, le GRIMP est récemment devenu le SMPM. Rescue18 vous propose une série d’articles destinée à mieux connaitre cette spécialité ainsi que les différents milieux périlleux, qu’ils soient naturels, structurels ou artificiels.
Le matériel
Chaque unité SMPM dispose au moins :
- d’un équipement individuel pour chaque membre ;
- d’un équipement collectif de base.
Ces équipements permettent d’effectuer les reconnaissances et/ou sauvetages nécessaires, en toute sécurité, dans les milieux périlleux ou en cas de situations périlleuses.
Les matériels individuels et collectifs
Les matériels ci-dessous constituent un équipement standard (liste non exhaustive et à adapter selon les risques et besoins départementaux).
Matériels individuels
- casque ;
- gants ;
- tenue adaptée au milieu ;
- harnais cuissard avec ou sans torse ou baudrier de torse ;
- longe double ;
- mousquetons symétriques ;
- mousquetons “grande ouverture“ ;
- descendeur / descendeur autobloquant ;
- mousqueton acier ;
- bloqueur de poitrine ;
- poignée d’ascension ;
- pédale d’ascension ;
- cordelette multi-usages ;
- dégaine ;
- sifflet ;
- couteau ;
- lampe frontale ;
- sac de transport…
Matériel collectif
Évolutif selon le milieu spécifique rencontré (montagne, canyon, spéléologie, …) :
- cordes (dynamiques, semi-statiques, cordelettes, …) ;
- perforateur et batterie de rechange ;
- lot de plaquettes ;
- anneaux cousus et sangles ;
- treuil à cordes ;
- lot de mousquetons ;
- jeu de poulies ;
- civières ;
- moyens radio ;
- jeu de bloqueurs ;
- lot de dégaines ;
- matériel de secourisme ;
- harnais ou triangle d’évacuation ;
- fiches d’ancrage ;
- moyens d’éclairage…
Notions de fiabilité du matériel
Dans des conditions normales d’utilisation, les matériels du SMPM répondent aux critères suivants :
- Le matériel employé est normalisé ;
- les conditions de réforme, les contrôles, les vérifications et les périodicités d’entretien et de révisions édictés par les fabricants, doivent être strictement respectés.
Dans ces conditions, la fiabilité d’utilisation de ces matériels ne peut être remise en cause.
Les principes fondamentaux
La notion de système
Un système se définit comme une combinaison d’éléments réunis de manière à former un ensemble.
Par rapport à cette définition, l’agencement des différents composants d’un concept de manœuvre de type SMPM constitue un système avec les éléments suivants :
- l’ancrage (structurel, naturel et/ou artificiel) : ce qui tient ;
- l’amarrage : ce qui solidarise et oriente ;
- le dispositif : ce qui permet la manœuvre (porteur, équipement, environnement civière ou translation) ;
- la charge : ce qui est l’objet de la manœuvre ;
- le spécialiste : celui qui installe et met en œuvre le dispositif.
La prise en compte et le déplacement de la charge dépendent de la fiabilité des quatre éléments.
Quelle que soit la nature de l’ancrage, en cas de doute, celui-ci doit être multiplié.
https://www.facebook.com/GRIMP01/
Progression sur cordes
La réalisation de différents noeuds sur cordes ou sur d’autres matériels (cordelettes, …) est primordiale pour permettre la progression ou le déplacement de charges.
Les noeuds
Liste des principaux noeuds utilisés par le SMPM :
- noeuds d’encordement (relier le harnais à une corde) :
- noeud de huit tricoté ;
- noeud de de chaise.
- noeuds d’attache (relier une corde à un dispositif ou un concept d’amarrage) :
- noeud de huit double ;
- noeud de cabestan…
- noeuds de jonction (relier deux cordes entre elles) :
- noeud de pêcheur (double ou triple) ;
- noeud de huit triple ;
- noeud de huit tricoté ;
- noeud de sangle…
- noeuds d’auto-assurance et autobloquant (permettent de réaliser un blocage sur la corde) :
- noeud français ;
- noeud machard…
- noeuds frein :
- noeud de 1/2 cabestan…
- noeuds largables :
- noeud de mule…
- noeuds de neutralisation (avertir d’une anomalie sur une corde et l’isoler) :
- noeud de neuf…
L’incidence de chute
Les systèmes d’assurage doivent être particulièrement soignés et rigoureux. Le non-respect de cette consigne peut entraîner des blessures physiques graves ou irréversibles.
- Le facteur de chute est le rapport entre la hauteur de chute et la longueur de corde ;
- La force choc est la conséquence de l’immobilisation brutale d’une charge en chute libre, par la corde et l’ensemble d’un système (dispositif, ancrage, amarrages,…).
L’incidence de chute est la résultante de trois facteurs :
- nature de la corde ;
- facteur de chute ;
- poids.
Sauvetage et auto-sauvetage
Les techniques de sauvetage et d’auto-sauvetage sont utilisées pour libérer le plus rapidement possible une personne en détresse, soumise à un danger objectif (chute d’objet, pierre, etc…) ou subjectif (personne prise dans une corde, etc…).
Une personne inconsciente coincée dans un harnais a une durée de vie limitée.
Elles doivent être parfaitement maîtrisées. Le sauvetage sur corde peut se faire par le haut ou par le bas.
Témoignage d’un chef de section IMP 3
Techniques opérationnelles
Le commandement
Conformément au cadre d’ordre commun à la conduite générale des opérations, les chefs d’unité SMPM sont appelés à émettre et/ou appliquer des ordres préparatoires et d’exécution spécifiques.
L’intervention en milieu périlleux et montagne repose sur un ensemble d’actions simultanées ou successives constituant une manoeuvre. Elle peut s’organiser autour de sept phases :
- la reconnaissance ;
- les sauvetages ;
- les mise en sécurité et la sécurisation du site ;
- la mise en oeuvre des dispositifs ;
- la protection ;
- le démontage des dispositifs ;
- la remise en condition du matériel et du personnel.
Mise en oeuvre des techniques opérationnelles SMPM
Après vous avoir présenté les matériels, les principes fondamentaux et la notion de sytème au sein de de la spécialité SMPM, voici quelques exemples de techniques opérationnelles (liste non exhaustive) mises en oeuvre lors de la réalisation des missions dévolues aux spécialistes SMPM.
Les techniques opérationnelles présentées ci-dessous permettent de réaliser la/les mission(s) confiée(s) au SMPM. Toutefois, dans certaines situations, le conseiller technique ou le chef d’unité sont amenés à mettre en œuvre des variantes de méthodologies, en veillant à ne jamais déroger aux principes fondamentaux de sécurité.
Les techniques de poulie de renvoi mobile
Poulie de renvoi mobile sur corde tendue
La PRM sur corde tendue, permet de déplacer une charge dans un axe horizontal, verticale et/ou oblique. Le système de PRM est suspendu sous une corde tendue et mis en oeuvre par le biais de deux dispositifs antagonistes situés sur les cordes de translation et d’oppositions.
Poulie de renvoi mobile sur point fixe
La PRM sur point fixe, permet de mobiliser une charge dans un axe oblique. Lors de cette technique, la corde porteuse remplit aussi la fonction d’opposition. Les deux dispositifs sont situés du même côté du dispositif.
Les dispositifs d’évacuation façade
Ce sont des techniques permettant l’évacuation d’une victime depuis toute structure bâtimentaire. Ces dispositifs sont notamment utilisés lors d’évacuation de personnes de forte corpulence ou lourdement médicalisées, lorsque les moyens traditionnels des sapeurs-pompiers sont inadaptés ou insuffisants.
Le milieu montagne
Du fait de sa complexité (proximité du site, isolement, conditions nivologiques et météorologiques, difficulté d’évacuation des blessés…), les opérations de secours en montagne doivent mettre en œuvre des stratégies opérationnelles adaptées.
Trois phases peuvent être distinguées :
- localisation ;
- transfert en zone d’intervention (voie routière, caravane pédestre, voie aérienne) ;
- mise en œuvre de techniques de sauvetage spécifiques à l’environnement.
La complexité du milieu montagnard exige l’emploi de techniques particulières. On retrouve ainsi des techniques d’évolution spécifiques (liste non exhaustive) :
- l’évolution assurée par une corde coulissante : grimper en moulinette (assurage par le haut), grimper en tête (assurage progressif grâce aux dégaines), escalade de plusieurs longueurs ;
- l’évolution sur corde fixe, déplacements transversaux et verticaux ;
- l’emploi de relais (en rocher, de secours en rocher, en glace, de secours en glace) : afin de faire monter son second pour recommencer à grimper comme à partir du sol ;
- les progressions d’alpinisme, relais en relais, simultanées en terrain non crevassé ou terrain glacière crevassé, selon les contraintes et les risques ;
- les techniques de rappel, permettant de franchir n’importe quel obstacle à la descente ;
- le test de pente enneigée pour déterminer si une couche fragile existe et le cas échéant son degré de fragilité ;
- l’équipement de passages raides en neige, permettant ainsi de franchir des obstacles difficiles à la descente comme à la montée ;
- le cramponnage (frontal 10 points) permettant de progresser sur une surface glacière avec l’aide de crampons et piolets ;
- l’encordement sur glacier, pour assurer la sécurité des secouristes y progressant…
Les opérations d’appui
Autour des opérations de sauvetage, les unités SMPM peuvent être déployées dans des situations variées nécessitant des réponses atypiques (situations périlleuses). Au fil des années, ils ont acquis la capacité de répondre à leurs demandes et à la technicité de la configuration proposée.
Les unités SMPM puisent leurs solutions dans les différentes techniques de progression au moyen de cordes et dans les techniques opérationnelles collectives.
Les opération de bâchage
Ces techniques complètent la réponse opérationnelle mise en œuvre par les primo-intervenants avec l’emploi du lot de sauvetage et de protection contre les chutes (LSPCC) lors des opérations de bâchage, afin de protéger les biens à la suite d’un incendie ou plus souvent contre les intempéries (tempêtes, grêle, …).
Les techniques de bâchage peuvent permettre de gérer une grande variété de situations opérationnelles, elles se distinguent par :
- leur hauteur ;
- les surfaces à couvrir ;
- les types de couvertures.
La lutte contre l’incendie
Les opérations de lutte contre les incendies situés en hauteur sont généralement réalisées depuis des moyens élévateurs aériens.
Cela ne s’applique pas nécessairement lors des opérations de dégarnissage, de déblai ou de protection. Le commandant des opérations de secours peut être confronté à des contraintes telles que :
- la hauteur des bâtiments supérieure aux capacités des moyens élévateurs aériens ;
- le cheminement difficile ;
- la nature des matériaux ;
- le type d’architecture ;
- etc.
Les unités SMPM sont en capacité d’apporter une plus-value au COS dans l’ensemble des phases de la MGO de la lutte contre l’incendie lors de sinistres particuliers :
- lors des reconnaissances et recherche de foyers, lors d’incendie d’hyper structures (silo, tours,..) ou de bâtiments de grande hauteur (feu de joints de dilatation, de matériaux d’isolation,..) ;
- le soutien des équipes engagées dans les missions de sauvetage réalisées à l’aide de LSPCC et MEA ;
- l’aide à la réalisation d’établissements verticaux, obliques ou aux ports de charges (bidons d’émulseur, matériels divers,…) grâce à l’emploi de techniques de cordes qui facilitent la manoeuvre (monuments historiques, établissements industriels, …) ;
- la mise en place de mains courantes afin de faciliter et d’assurer la sécurité des équipes lors des phases de déblais ;
- la réalisation de missions de protection ou de déblai, notamment la dépose de charge légère et la pose de bâchage en hauteur ;
- etc.
L’emploi des unités SMPM peut également être utile dans le cadre des feux d’espaces naturels sur des terrains très escarpés.
Sauvetage d’animaux
Les interventions concernant les animaux (blessés ou indemnes) peuvent être de plusieurs sortes :
- des animaux bloqués en hauteur (arbres, bâtiments, …) ;
- des animaux en difficulté en ravins, milieux encaissés ou d’accès difficile ;
- des animaux tombés en excavation (puits naturels, artificiels, fosses à lisier, grottes…) ;
- des animaux bloqués en parois, flans de carrière ou falaises.
L’action de l’unité SMPM va permettre :
- d’accéder à l’animal ;
- d’extraire l’animal au moyen de dispositifs de levage et/ou de
translation.
Après analyse de la balance “bénéfice / risque“, le COS établira donc son idée de manœuvre en fonction des équipes, du matériel, du risque et des enjeux.
Les techniques d’intervention sur les manèges
Les unités SMPM peuvent être amenées à intervenir, pour des opérations de sauvetage et de secours dans les fêtes foraines et parcs d’attractions.
Ces attractions sont parfois de grande hauteur, utilisant des moyens de transports divers comme des trains pour les activités de type montagnes russes (roller coaster), des voitures, des bateaux, etc.. et peuvent connaitre des pannes ou casses matériels entraînant l’intervention de secours spécialisés comme les unités SMPM.