18h18 le 15 avril 2019, le sinistre :
Quelques minutes après le début d’un office religieux au sein de la cathédrale Notre-Dame, l’alarme incendie retentit. Ce sera ensuite une succession d’événements qui conduiront à 15 heures de lutte acharnée par plus de 600 sapeurs-pompiers car Notre-Dame brûle !
Comme dans tous les éléments marquants de l’Histoire, chacun se rappelle où il se trouve au moment de l’annonce d’un événement d’ampleur. Pour ma part, je dépose un collègue chez lui à la sortie du bureau. Nous profitons de ce moment pour prendre un verre et échanger. Adepte des MSGU (Média Sociaux en Gestion de l’Urgence) les notifications de mon smartphone s’affolent. « Notre-Dame est en train de brûler ! » Le réflexe d’ouvrir une chaîne d’info en continu confirme ce que je vois déjà sur mon écran. Nous connaissons tous la suite de l’histoire.
Le 18 décembre 2019, l’idée :
La vie a repris son cours. Nous sommes à la veille de vivre une autre catastrophe, sanitaire celle-ci, mais à cette date personne ne le sait encore. Jérôme Seydoux, patron des films Pathé appelle Jean-Jacques Annaud pour une invitation à déjeuner afin de lui faire une « proposition ». Comme ce dernier l’indique, celle-ci porte sur le fait de réaliser un documentaire sur l’incendie qui a ravagé Notre-Dame quelques mois auparavant. Dans un premier temps dubitatif, il ne lui aura finalement fallu que 24 heures pour accepter de se lancer dans l’aventure. A une exception près, ce ne sera pas un documentaire, mais un long-métrage. Il portera autour de cette journée où tout a basculé pour cet édifice qui fut le monument le plus visité de France. Le projet « Notre-Dame brûle » est lancé.
Le 02 janvier 2020, le début de l’aventure :
C’est le début de l’aventure dont l’histoire nous est racontée dans le livre Notre-Dame brûle – Les carnets de bord du film (Edition Gründ). Jean-Jacques Annaud et Stéphane Boudsocq, rédacteur en chef adjoint et journaliste cinéma chez RTL en sont les auteurs.
Ce livre nous est offert le jour de la projection de l’avant-première. Un magnifique dossier de presse pour comprendre le quotidien de ces deux années de travail. Il est expliqué le cheminement jour par jour du choix des lieux, du casting, des méthodes des rencontres de ceux qui ont vécu cette « épopée ». Ainsi, nous découvrons que plusieurs édifices religieux ont servi de lieu de tournage (la cathédrale de Bourges, Amiens ou encore Sens « mère de Notre-Dame » car première cathédrale gothique de France).
Pour revenir au casting, le choix se porte sur des acteurs « peu » ou pas connus à l’exception d’une personnalité jouant son propre rôle. La philosophie est de pouvoir incarner notamment pour les sapeurs-pompiers, des personnages « dévoués et modestes ». Demain, lors d’une balade parisienne, ou encore si vous aviez besoin de secours, vous pourriez croiser l’une ou l’un de ceux qui ce soir là ont sauvé Notre-Dame. Vous ne le sauriez pas, vous ne les reconnaîtriez pas. Le sapeur-pompier est un héros anonyme du quotidien ! Ainsi les acteurs, même si certains visages ou voix ne sont pas totalement inconnus (un acteur qui double quelques célébrités, notamment une qui « aime qu’un plan se déroule sans accroc » dans le film 😉). La rencontre avec les sapeurs-pompiers est bien sûr commentée et l’admiration que va porter l’artiste pour cette corporation se retrouvera dans le film.
Je découvre également comment il est possible au travers de maquettes et de décors gigantesques de pouvoir reconstituer la cathédrale où il était bien sûr impossible de tourner. La cité du cinéma à Saint-Denis et les studios de Bry-sur-Marne accueilleront donc cette superproduction.
Le 16 février 2022, l’avant-première de « Notre-Dame brûle » :
Rescue18 est donc invité à cette avant-première. J’en profite pour remercier la Lieutenant-colonel Claire BOET, cheffe du bureau communication de la BSPP, d’avoir proposé notre web-média pour participer à cet événement. J’ai la chance de représenter l’association et c’est la première fois que je me prête à cet exercice. La projection a lieu au cinéma Pathé Beaugrenelle dans le 15ème arrondissement. La salle est comble. Des professionnels de la critique cinématographique, des journalistes, des sapeurs-pompiers, des invités… Le film démarre par cette belle journée ensoleillée et va retracer les événements jusqu’à la naissance de la « bête ».
La mise en avant du rôle des sapeurs-pompiers est bien sûr prépondérante. Le spectateur comprend rapidement que la « loi de Murphy » s’applique particulièrement aux évènements qui ont conduit cette catastrophe. Parfois peut-être un poil trop caricatural, même si réel, les images montrent cependant clairement que ce genre de situation peut se reproduire à n’importe quel moment. L’adage « pourvu qu’il n’arrive rien » a tout son sens. Cependant, ce jour-là, c’est arrivé.
Le spectateur laisse libre cours à son imagination sur l’origine du départ de ce feu. En effet, toutes les situations potentielles sont évoquées. Une fois l’incendie déclaré, l’histoire se concentre sur le rôle des sapeurs-pompiers et de tous les acteurs qui ont permis le sauvetage de Notre-Dame. Le film montre le désarroi et le sentiment d’impuissance de la Brigade dans les premières heures de ce sinistre. Vient ensuite le temps de la montée en puissance, du travail d’équipe, de la réflexion tactique, des doutes et anecdotes opérationnelles. Elles procurent des moments de rire (Trump) mais aussi des moments de crainte (le capitaine coincé dans la descente avec son équipe).
Tantôt fiction, tantôt réalité, les images, les effets spéciaux et la musique de Simon Franglen sont au service de la part émotionnelle que véhicule ce film. Le mystique et la religion sont également présents. Un juste équilibre avec la mission des soldats du feu. L’alchimie entre les faits et l’imagination donne un ensemble rythmé où l’on ne s’ennuie pas. Je suis tenu en haleine pendant les 1 h 50 de projection.
Crédits photos « Notre-Dame brûle » Directeur de la photographie : Jean-Marie Dreujou
Le 08 mars 2022, l’avis :
Pour conclure, le film est fidèle aux événements et le grand public devrait apprécier ce récit rocambolesque qui « héroïse » principalement les sapeurs-pompiers. Quant à ces derniers, il faudra peut-être s’attendre à quelques critiques autour de cette part émotionnelle dont ils cherchent souvent à se prémunir. Quelques imperfections opérationnelles ainsi qu’au niveau du vocabulaire pourront être également soulevées par les « spécialistes ». Il suffira juste de se rappeler qu’il ne s’agit pas d’un retour d’expérience technique, mais bien d’un film tiré de faits réels. Un hommage au courage et l’abnégation de ces hommes et ces femmes. Au quotidien, ils mettent tout en oeuvre pour sauver notre société : « Notre-Dame » en quelque sorte.
Enfin, je termine en citant le Général Jean-Claude Gallet s’adressant à Jean-Jacques Annaud qui résume parfaitement :
» Le film sera une explosion d’émotions dans une mosaïque de petites histoires composant la grande.«
Général de Division Jean-Claude GALLET commandant la BSPP lors de l’incendie
Le 16 mars 2022, le film :
Bande annonce du film
Et tous les jours ?
Le risque de voir disparaître Notre-Dame n’a pas été la seule crainte qui a envahi les esprits. Le film n’omet pas de mettre en avant le rôle majeur des différents intervenants. Notamment celui des sapeurs-pompiers dans la protection et le sauvetage des oeuvres inestimables pour la religion catholique et le patrimoine de façon plus générale. Cette mission n’est pas le fruit du hasard. Depuis des années, le travail de la conservation de nos trésors nationaux en cas de sinistre, fait partie intégrante de la mission des sapeurs-pompiers.
Je vous invite d’ailleurs à relire l’article Rescue18 sur la Protection et la Sauvegarde des Oeuvres. Ainsi, les sapeurs-pompiers continuent, en relation étroite avec les conservateurs et autres acteurs du patrimoine, de développer leurs compétences pour assurer leurs missions régaliennes. Au-delà de celles-ci, sauver notre Histoire.
Une présence quotidienne
La BSPP a d’ailleurs fait évoluer en 2008 le détachement en une véritable compagnie (43ème), l’UES Louvres. 46 personnels veillant H24 sur les 500 000 oeuvres dont 36 000 sont exposées. Le musée d’Orsay, La Bibliothèque Nationale de France et les Invalides bénéficient également de la présence de la Brigade.
De plus, n’oublions pas que la cathédrale de Nantes en 2020 a fait, elle aussi, l’objet d’un incendie qui aurait pu être dramatique également.
Prévention et prévision face aux risques
Les SDIS ne sont pas en reste ! On peut citer les sapeurs-pompiers de Versailles en manœuvre hebdomadaire au « Château » chaque lundi. Le SDIS 80 et le GDO cathédrale d’Amiens. Le SDIS 60 et la mise en oeuvre récente de IDU Patrimoine. Toujours pour le SDIS 60 la réception d’un engin unique « HELIOS » pour les centres-villes historiques et les Châteaux de Chantilly ou Pierrefonds par exemple.
« Le patrimoine est l’héritage du passé dont nous profitons aujourd’hui et que nous transmettons aux générations à venir. » UNESCO.
Crédits photos : BCOM / SDIS 60 / SDIS 80 / France Bleu