Au milieu du paysage des associations agréées de sécurité civile (AASC), la Société Nationale de Sauvetage en Mer (SNSM) se distingue de ses consœurs par cette spécificité qui est son cœur d’activité autant que sa signature unique : le sauvetage en mer.
Attention au roulis en prenant pied sur le pont, bienvenue à bord !
L’héritière d’une longue tradition maritime
La société nationale de sauvetage en mer (SNSM) telle que nous la connaissons aujourd’hui est relativement récente. Créée en 1967, elle est toutefois l’héritière de deux entités nettement plus anciennes : la Société centrale de sauvetage des naufragés (SCSN), d’une part, la Société des hospitaliers sauveteurs bretons (HSB), d’autre part.
La première voit le jour le 12 février 1865, sous l’impulsion de Charles Rigault de Genouilly, officier de Marine, récemment élevé à la dignité d’amiral de France (il sera d’ailleurs l’un des derniers à l’être). Son premier canot lui sera offert par une marraine prestigieuse, qui n’est autre que l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III. La Société des hospitaliers sauveteurs bretons a, quant à elle, été créée en 1873 par Henri Nadault de Buffon, magistrat et historien français. Les bains de mer sont de la dernière mode et les premiers postes de secours se multiplient rapidement pour assurer la sécurité de cette nouvelle activité.
La SNSM s’inscrit ainsi dans une longue tradition maritime, reflet de cette solidarité particulière qui unit les gens de mer.
Des sauveteurs tout-terrain
En France, la SNSM est la seule AASC dédiée au sauvetage en mer. Sa spécificité lui permet aussi bien d’assister un navire en difficulté que de prodiguer des premiers secours à d’éventuels blessés. La SNSM assure d’ailleurs à elle seule 50% des missions de recherche et sauvetage réalisées par moyen maritime.
Ses équipages interviennent après avoir été déclenchés par les centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage (CROSS). Ils ont un délai d’appareillage de moins de 20 minutes, 24/24, 365 jours par an et par tous les temps. Ils interviennent jusqu’à 20 milles de la côte (soit environ 40 km), voire au-delà sur demande expresse du CROSS. En moyenne, entre 20 et 25% des interventions ont lieu de nuit. Cette mission de sauvetage en mer n’est pas exempte de risques. Le 7 juin 2019, la station des Sables d’Olonne a ainsi perdu trois de ses membres au cours d’une opération de sauvetage d’un navire de pêche en détresse.
Afin qu’à la mer toute manœuvre soit la plus efficace possible, il existe au sein des équipages de la SNSM une hiérarchie bien huilée : du « patron » au « secouriste » en passant par le « radio » ou encore le « nageur de bord », chacun a un rôle bien défini à jouer.
Les municipalités et collectivités locales situées en bord de mer ont l’obligation légale de mettre en place des dispositifs de surveillance de la baignade sur les plages relevant de leur compétence territoriale. Les nageurs sauveteurs de la SNSM sont très largement sollicités dans le cadre de cette mission saisonnière. En effet, plus de 1 400 d’entre eux se mobilisent tous les ans, pour assurer cette surveillance attentive, sur un tiers des plages du littoral français.
Secours aux baigneurs en danger ou assistance aux utilisateurs d’engins de plage (planches à voile, kitesurf, petites embarcations à voile ou à moteur, etc.) en difficulté, administration des premiers soins aux personnes victimes d’accident, prévention des comportements à risque, les secouristes de la SNSM veillent sur l’été de millions de vacanciers.
Les bénévoles de la SNSM opèrent également à terre. En tant que secouristes, ils arment des dispositifs prévisionnels de secours sur des manifestations sportives ou culturelles. En tant qu’AASC, la SNSM répond aussi présente aux sollicitations des pouvoirs publics en cas d’intempéries, situations exceptionnelles. Au cours des derniers mois, les secouristes de la SNSM, comme leurs collègues de la Croix-Rouge française ou de la Protection Civile ont été largement mobilisés dans la lutte contre la pandémie de COVID-19. Ils ont, entre autres, participé au transport des malades organisé par TGV médicalisés.
Une flotte forte de plus de 760 engins
Pour mener à bien ses missions, la SNSM dispose d’une panoplie variée de moyens nautiques. Petit tour d’horizon ci-dessous :
Le canot tous temps (CTT) : égérie de la flotte SNSM, le CTT est conçu pour affronter la mer même dans des conditions météorologiques dégradées pour mener à bien ses missions de sauvetage. Il a été spécialement étudié pour offrir vitesse, manœuvrabilité et stabilité tout en étant également insubmersible et, caractéristique rare, autoredressable. Le CTT nouvelle génération, déployé dans les stations à partir de 2016, est doté de deux moteurs diesels de 650 chevaux, qui lui permettent d’atteindre une vitesse de pointe à 25 nœuds (soit 46,3 km/h). La SNSM possède 41 CTT répartis sur les côtes. Crédit photo : SNSM – CTT Ouistreham.
Les vedettes de sauvetages : de première ou seconde classe selon leur taille et puissance, ces insubmersibles sont taillés pour naviguer, y compris loin des côtes, dans des conditions de mer difficiles voire extrêmes. Plus de 150 d’entre elles sont aujourd’hui actives au sein de la SNSM. Crédit photo : SNSM – Vedette de 2ème classe nouvelle génération de la SNSM de Pornic « SNS 200 Pays de Retz ».
Les semi-rigides : embarcations légères particulièrement pratiques pour les stations ne disposant par de points de mouillage protégés par des structures portuaires ou situées dans une zone de fort marnage (différence de niveau d’eau entre marée haute et marée basse, déterminant en termes de navigabilité). Crédit photo : Mer et Marine.
Les canots pneumatiques : rigides ou semi-rigides, ils sont très utilisés en secours littoral. La SNSM en possède plus de 470 pour armer ses différentes stations. Crédit photo : SNSM.
Les jet-skis ou scooter des mers : très utilisés en secours littoral. On en compte 90 au sein de la SNSM. Photo : SNSM – Véronique Le Goffic – CFI Rochefort.
Des structures dédiées à une mission hors du commun
A mission particulière, structures spécifiques. La SNSM dispose, en effet, pour accomplir sa mission d’infrastructures qui lui sont propres et lui permettent de maintenir et garantir son niveau de professionnalisme.
- Un pôle de formation dédié, à Saint-Nazaire. Il conçoit et met en œuvre des formations consacrées au sauvetage en mer pour assurer la montée en compétences et le maintien à niveau des plus de 8 500 sauveteurs bénévoles de l’association. Le pôle dispose en particulier d’un simulateur à la pointe de la technologie : avec une vue panoramique à 270°, il peut reproduire des conditions météorologiques et environnementales plus vraies que nature : houle, tempête, pluie battante, déferlantes, intervention d’hélicoptère, etc. tout est fait pour garantir que la condition opérationnelle des sauveteurs des mers soit à son plus haut niveau.
- Un pôle technique chargé du soutien de la flotte, à Saint-Malo. Expert technique incontournable du domaine naval, il a la lourde responsabilité du maintien en conditions opérationnelles de l’ensemble de la flotte SNSM. Carénage à mi-vie pour prolonger la durée de vie des embarcations, électronique, communications, mécanique, le pôle de soutien de la flotte peut assurer tout type de travaux. Il assure également la distribution et le réassort de pièces détachées pour les stations. Les ateliers, situés sur un terrain mis à disposition par la mairie de la cité corsaire, occupent 10 personnes à plein temps. Ces techniciens, ingénieurs, mécaniciens peuvent aussi être projetés avec leur matériel pour aller effectuer des réparations directement auprès des stations qui en auraient besoin.
Crédit photo : SNSM – PSF Wikipédia