La simulation en santé : un outil indispensable pour former aux ASU ?

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La loi Matras de 2021 ouvre des perspectives nouvelles en permettant aux sapeurs-pompiers d’effectuer des Actes et Soins d’Urgence (ASU). Cette nouvelle action dans le monde du secours et des soins d’urgence aux personnes (SSUAP) et dans un contexte exigeant d’une nouvelle réponse à fournir, pose la question de la formation permettant d’acquérir cette nouvelle compétence.

Généralités

L’apprentissage par la simulation en santé émerge comme une réponse essentielle à cette problématique. Si elle est dans un premier temps destinée aux professionnels de santé, elle permet d’enseigner des procédures diagnostiques et thérapeutiques, ainsi que de répéter des processus, des situations cliniques ou des prises de décision par un professionnel de santé ou une équipe de professionnels.

Cette approche pédagogique innovante permet aussi aux secouristes de se former dans un environnement sûr et contrôlé, où ils peuvent acquérir et perfectionner leurs compétences sans mettre en danger la vie de nos victimes. Pour les sapeurs-pompiers secouristes, et spécialement ceux qui sont formés aux actes et soins d’urgence, cette méthode de formation offre une occasion inestimable de se familiariser avec des situations d’urgence réalistes, de pratiquer des gestes vitaux et de prendre des décisions cruciales, le tout sans compromis sur la sécurité ni sur la qualité de l’apprentissage.

L’importance de l’authenticité : « Jamais la première fois sur une vraie victime ! »

Dans le monde de la simulation, la devise « jamais la première fois sur une vraie victime » résonne comme un principe fondamental. Chaque intervention sur le terrain comporte des risques et des enjeux considérables, où la vie de chaque individu compte. C’est dans ce contexte que l’authenticité de la formation prend tout son sens.

Les sapeurs-pompiers doivent être préparés à affronter des situations aussi réalistes que possible, sans compromettre la sécurité des patients ni des intervenants. L’apprentissage par la simulation médicale offre cette authenticité en recréant des scénarios d’urgence fidèles à la réalité, permettant aux secouristes de s’exercer dans des conditions proches du terrain, mais sans les risques inhérents aux interventions réelles. L’utilisation d’un mannequin haute-fidélité (ou autrement appelé victime ou patient standardisé) est un élément central, tout comme la possibilité d’évoluer en équipe constituée de manière autonome.

En effet, les labos ou SIMURGE permettent d’intervenir dans des pièces dédiées (appartements, cellules de VSAV…) tout en étant filmé sur des actions et des prises en charge (certains diront d’ailleurs « sur des prises en soins ») se voulant évolutives et où l’esprit critique du sapeur-pompier sera mis à l’épreuve. En effet, la simulation en santé permet, entre autres et grâce au mannequin haute-fidélité, de faire évoluer de façon crédible tous les paramètres vitaux en fonction de ce que font les secouristes – ou en fonction de ce qu’ils ne font pas !

A la situation vécue s’ajoutent le briefing mais surtout un débriefing. L’exploitation de la vidéo permet de rendre très factuelles les mises en œuvres opérationnelles.

Une immersion clinique : préparer les secouristes à l’action

Plonger dans le feu de l’action est essentiel pour former des secouristes efficaces. L’immersion clinique offerte par la simulation en santé permet aux sapeurs-pompiers secouristes de se confronter à une multitude de scénarios d’urgence. Grâce à des simulations réalistes et interactives, les secouristes peuvent mettre en pratique leurs compétences acquises et faire le lien avec des compétences nouvelles qui sont en voie d’acquisition.

Cette immersion clinique favorise également le développement de qualités essentielles telles que la rapidité de réaction, la prise de décision sous pression et la communication efficace au sein de l’équipe. Le fait d’avoir un sapeur-pompier ayant les compétences « ASU » modifie aussi le comportement des intervenant : qui est le technicien ASU ? Le chef d’agrès ? Un équipier ? Tous les SP ? Se pose donc alors la responsabilité de la clinique et de la mise en œuvre. L’évolution d’une prise en charge filmée permet de travailler ces positionnements nouveaux des intervenants. Le debriefing aura ainsi une véritable place avec un argumentaire par « l’image et le son ».

Une possible mise en place de situations pour analyser les RETEX et maîtriser les risques

L’apprentissage par la simulation médicale ne se limite pas à la pratique des gestes techniques : il offre également une occasion précieuse d’analyser les retours d’expérience (RETEX) et de maîtriser les risques. En recréant des scénarios variés et en intégrant des facteurs de complexité, les formateurs peuvent évaluer les performances des secouristes, identifier les points forts et les axes d’amélioration et fournir un feedback constructif.

De plus, cette approche permet de simuler des situations à haut risque ou peu fréquentes, permettant aux secouristes de les anticiper et de s’y préparer adéquatement. En analysant les RETEX issus de ces simulations, les sapeurs-pompiers secouristes peuvent ainsi renforcer leurs compétences, optimiser leurs interventions et garantir une prise en charge optimale des victimes lors d’interventions réelles.

Conclusion

La mise en place des Actes et Soins d’Urgence est une valeur ajoutée pour nos concitoyens qui, aujourd’hui, peuvent bénéficier de soins plus spécifiques et de façon plus rapide grâce au maillage de proximité des SDIS. C’est aussi une plus-value en compétences pour les sapeurs-pompiers secouristes.

Toutefois, le concept de prise en charge se veut différent à la fois dans le raisonnement et dans les conséquences des actes et de l’usage de certains médicaments dans le cadre des actes et soins d’urgence. Certains labos de simulation en santé travaillent déjà à une prochaine étape de pédagogie qui serait basée sur la réalité virtuelle. De ce fait, l’apprentissage par la simulation en santé semble répondre à l’ensemble des critères pour une bonne mise en œuvre et pour pouvoir respecter deux principes fondamentaux : « ne pas nuire » et être « efficient ».

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