Le Réseau Radio du Futur (RRF)

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À l’aube d’une ère où la technologie redéfinit constamment nos modes de communication, les services d’incendie et de secours s’apprêtent à franchir une nouvelle étape avec le déploiement du Réseau Radio du Futur (RRF).

Ce réseau de télécommunications numérique, prévu pour remplacer progressivement les infrastructures existantes à partir de 2024, promet d’améliorer significativement l’efficacité et la coordination des interventions d’urgence.

Rescue 18 vous explique cette évolution de télécommunication numérique.

“Les moyens de communication sont le fil invisible qui tisse la sécurité et l’efficacité des acteurs de secours.”


Retour à l’ère de l’analogique

Dans les années 1980, les services d’incendie et de secours s’appuyaient sur des réseaux analogiques fonctionnant sur la bande des 80 MHz. Ces systèmes, bien que pionniers pour l’époque, présentaient des limitations notables en termes de couverture et de fiabilité. La technologie analogique était en adéquation avec la portée radio-électrique.

Par exemple, les réseaux opérationnels couvraient environ 86 % du territoire, tandis que les réseaux de commandement et de santé soins d’urgence atteignaient respectivement 70,2 % et 61,8 %. 


Le présent avec la bande des 400 MHZ

Face aux insuffisances des réseaux analogiques, le projet ANTARES (Adaptation Nationale des Transmissions Aux Risques Et aux Secours) a été lancé en 2004 suite à la loi de modernisation de la Sécurité Civile.

Ce réseau numérique, basé sur la technologie TETRAPOL, opère principalement sur la bande des 400 MHz. Il offre une interopérabilité accrue entre les différents services de sécurité et de secours, permettant une coordination plus efficace lors des interventions.

ANTARES a progressivement remplacé les anciens réseaux, offrant une couverture améliorée et des communications sécurisées. 


L’avenir : le Réseau Radio du Futur (RRF)

L’Obsolescence Programmée de l’INPT : un défi majeur pour la sécurité et les secours

L’Infrastructure Nationale Partagée des Transmissions (INPT), longtemps pilier des communications des forces de sécurité et de secours, fait face à une obsolescence programmée. Dans un contexte marqué par l’émergence de nouvelles menaces et risques, ainsi que par l’accélération des cinétiques opérationnelles et des flux de communication, cette situation représente un enjeu critique pour l’efficacité des services engagés dans la protection des citoyens.

L’agilité et le partage d’informations entre les différents services deviennent plus que jamais une nécessité. Pourtant, le fossé technologique entre les réseaux régaliens et les réseaux mobiles commerciaux ne cesse de se creuser. Alors que ces derniers évoluent rapidement vers la 5G et des capacités avancées en matière de transmission de données, les infrastructures dédiées aux forces de sécurité peinent à suivre le rythme, limitant leur interopérabilité et leur réactivité face aux crises.

Le RRF représente la prochaine génération de communication pour les services de sécurité et de secours. Ce réseau hybride utilisera principalement les technologies 4G et 5G, tout en conservant des capacités radio sur la bande des 700 MHz.

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Capgemini

Parmi les innovations majeures, le RRF permettra la géolocalisation en temps réel, la transmission d’électrocardiogrammes et la réalisation d’appels vidéo, renforçant ainsi la réactivité et l’efficacité des interventions. 

Déploiement

Le Réseau Radio du Futur est le résultat d’une volonté forte du Gouvernement de répondre aux enjeux de modernisation des communications des services de sécurité et de secours. La gestion du projet RRF est confiée à l’Agence des Communications Mobiles Opérationnelles de Sécurité et de Secours (ACMOSS) créée le 30 mars 2023.

Le déploiement du RRF est prévu pour débuter en 2024, avec une phase d’expérimentation de 19 mois. Ce projet s’inscrit dans le cadre de la loi d’orientation et de programmation du Ministère de l’Intérieur (Lopmi) 2022-2027, avec un budget initial de 700 millions d’euros, pouvant atteindre jusqu’à 2 milliards d’euros. 

La démarche de déploiement territorial du RRF s’effectuera dans 23 départements à compter d’avril 2025.

Financement

Le schéma économique du RRF est élaboré de manière à différencier deux phases :

  • Le premier investissement pour la conception et la construction, entièrement financé par le ministère de l’Intérieur ;
  • Les abonnements souscrits par les entités utilisatrices financent l’exploitation, la maintenance et le développement de cette infrastructure.

En apportant une contribution financière, les services d’incendie et de secours bénéficient d’une gamme de services RRF personnalisables :

  • De la location de terminaux et de matériel : des téléphones et des tablettes mobiles, un éventail d’accessoires ;
  • Des abonnements 4G puis 5G comprenant différents niveaux de forfaits (avec des volumes de données modulables) ;

Des prestations complètes comprennent des communications multimédias, une application pour les missions critiques (Application SYRIUS), un accès aux applications professionnelles, un accès à Internet, un service d’assistance et des outils de gestion de la flotte et des installations.

Il est possible de prévoir des investissements supplémentaires, en particulier en cas de :

  • –  Location de passerelles avec des réseaux bas-débits (en dehors des INPT / VHF) ;
  • –  Dispositifs d’extension de couverture réseaux complémentaires ;
  • –  Coût du raccordement au RIE.

Pratiques et usages

Il est primordial pour un SIS de se projeter opérationnellement sur ces nouvelles pratiques et d’en déterminer le mode de fonctionnement qui lui sera adapté. Cela nécessite de modifier et d’ajuster la doctrine professionnelle ainsi que peut-être les stratégies de communications tactiques.

L’ACMOSS fournira des kits de formation qui pourront être personnalisés en fonction des doctrines d’emploi définies.

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source : pompiers13

Conclusion

L’évolution des réseaux de communication des services de secours français témoigne d’une volonté constante d’adaptation aux défis contemporains.

Du réseau analogique des 80 MHz à ANTARES vers le Réseau Radio du Futur, chaque étape reflète une quête d’efficacité et de sécurité accrue.

Avec le RRF, la France se dote d’un outil moderne et performant, à la hauteur des enjeux actuels et futurs.

Face à ces défis, il devient urgent de repenser les infrastructures de communication des services régaliens afin d’assurer leur efficacité opérationnelle, leur sécurité et leur résilience dans un environnement en constante mutation


Sources et crédits :

Chaine Youtube : ECASC, Pompiers13, ACMOSS.

Crédit photo : Capgemini.

Cyril DUCOUDRAY
Author: Cyril DUCOUDRAY

Officier SPP, connaissances dans les domaines INC, COEPT, TASSS, SIC et en gestion émotionnelle. praticien TOP®

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1 réflexion sur “Le Réseau Radio du Futur (RRF)”

  1. Quelques précisions :

    Le reseau radio en 80 Mhz dépendait des régions / départements, il pouvait disposer de relais. Depuis plus de 40 ans la BSPP est équipée d’un réseau (en 400 MHz) qui lui est propre, simple et très efficient.
    La maintenance en est très « simple » et surtout effectuée par des prestataires / intervenants connus et au service des pompiers. En cas de difficultés d’alimentation electrique, n’importe quel intervenant SP vient mettre un groupe electrogène aux pieds du relais. Souvent ces point hauts sont partagés avec les SAMU, DRIF, DDE, Gendarmes, Police et autres. Le niveau de compétences est celui d’un CAP d’électricien pour ce type de branchement

    ANTARES (analogique et numérique) fut un echec, car la couverture très incomplète ne convenait pas aux services. Le matériel, très robuste, doit passer par une administration et un constructeur (Airbus). Donc suite au rapport sénatorial, il fut constaté que les 2 systèmes fonctionnaient encore à ce jour en parrallèle…

    Effectivement RRF est une solution qui fait sens, car dépendante de l’opérateur Orange principalement et en secours (mais sans engagements) des 3 autres opérateurs français en héxagone. Ce fournisseur est fiable, et l’état en est partiellement actionnaire.
    Ce qui m’interroge est la partie logistique et approvisionnement. Pour schématiser ce sont des smartphones dédiés et « securisés », avec des appareils « tactiques » en plus. L’administration des « droits » devra se faire au niveau de chaque entités utilisatrices. Donc pour que un « device » puisse appeler un PC ou un autres intervenants, il faudra que ce soit clairement déterminé, chose toujours « compliquée ». Les reseaux virtuelles, composés des SP, Gendarmes, Police et autres seront supervisés par L’ASMOSS, adossé à l’opérateur Orange fournisseur du « réseau » technique et des liaisons.
    Chaque accessoire devra être validé, donc sécurisé par ASMOSS, car pouvant être piraté. On peut prendre le cas des câbles informatiques espionnant ce qui se passe sur le réseau.
    La technique « pure » fonctionnera, mais le grand challenge est l’organisation logistique et administrative des « clients » de cette solution, qui ne seront plus du tout « maître » de leur solution télécom.

    A suivre

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