La compréhension et l’étude de la mécanique du feu sont parmi les premières formations que le sapeur-pompier reçoit lors de son instruction. Pour autant, ces connaissances nécessitent une remise à jour régulière car cette science est évolutive et permet ainsi aux Soldats du Feu de mieux appréhender leur plus fidèle ennemi.
RESCUE18 va donc s’attacher à vous proposer plusieurs articles en la matière et de façon progressive ; qu’ils soient basiques ou bien techniques…
Un temps oubliée, la lecture bâtimentaire est une matière qui tend à retrouver ses lettres de noblesse chez les sapeurs-pompiers. Cependant, il est nécessaire d’éviter une vision réductrice qui se résumerait à une simple analyse de quelques secondes au début de l’intervention.
Que ce soit l’analyse du chef d’agrès, celle en 3D du dessinateur opérationnel, ou bien celles offertes par les nouvelles technologies comme les drones, elles ont toutes pour objectif d’aider le COS dans ses prises de décisions pour la réussite d’une opération.
Rescue18 vous propose donc de jeter un oeil expert au sujet…
Un atout dès la Reconnaissance
Pour rappel, les reconnaissances ont pour objet de collecter les informations relatives à l’analyse de la zone d’intervention, au sinistre, aux personnes et biens menacés en tenant compte de l’ensemble des axes de propagations potentiels. Menées tout au long de l’intervention, elles permettent au COS de se faire une idée précise de la situation, de construire son idée de manoeuvre puis de définir et donner ses ordres à ses personnels.
Que ce soit pour le premier chef d’agrès ou les COS successifs, la lecture bâtimentaire représente un véritable atout sur intervention. Bien que de nombreux bâtiments soient soumis à des règles d’anticipation et de prévision qui amènent donc les sapeurs-pompiers à effectuer des visites de sites régulières (cette règle est d’ailleurs explicite dans la définition d’un ETARE de niveau 3), la grande majorité de nos interventions s’effectuent pourtant dans des structures et bâtiments inconnus – non visités – par les secours.
Ainsi, une connaissance a minima de plusieurs règles de prévention associées à une lecture bâtimentaire efficace à l’arrivée sur les lieux de l’intervention, permettra certainement aux intervenants un gain d’efficacité et de sécurité.
Ce que dit le GDO…
Idée de méthode
A l’arrivée sur les lieux, le C/A doit effectuer une lecture bâtimentaire. Pour cela, il peut se placer sur le trottoir en face du bâtiment sinistré. Cette lecture lui permettra :
- de confirmer le nombre d’étages
- de déduire les moyens de prévention à demeure en fonction du bâtiment impacté. Habitation, IGH, ERP, industrie, bâtiment ancien ou moderne, etc… Il doit donc faire appel à ses connaissances
- d’observer les fumées, flammes, risque(s) de propagation(s)
- d’attribuer aux différentes façades, points particuliers, etc… une lettre ou un nom de baptême pour les futurs secteurs fonctionnels et/ou géographiques du COS
Se poser les bonnes questions
Quelques exemples de questions – donc non exhaustifs – que doit se poser (ou poser) le C/A incendie lors de sa recherche des renseignements qui concourent à sa reconnaissance :
- que se passe-t-il ?
- quel type de feu face à lui (pavillon, immeuble, ERP, industrie, etc…) ?
- nature et exploitation du bâtiment ?
- présence de sauvetages et/ou victimes ?
- nombre d’étages (superstructure et infrastructure) ?
- où le sinistre se situe-t-il ?
- quels sont les risques de propagation(s) ?
- quels sont les accès (en rechercher deux a minima si possible) ?
- présence de fluides (gaz, électricité, cuve de fioul…) et où se situent les organes de barrage ?
- quels sont les moyens à demeure à sa disposition (colonne sèche ou humide, SSI, RIA, tirez-lâchez, etc…) ?
- matériaux de la structure impacté et présence éventuelle d’une isolation par l’extérieur ?
Le C/A incendie doit procéder à une reconnaissance cubique (6 faces) :
- reconnaissance des faces extérieures
- reconnaissance étages + toit
- reconnaissance sous-sol
- ne pas omettre la courette intérieure ou les puits de lumière
Il faut privilégier :
- les communications existantes (simples et sécurisées)
- les moyens élévateurs aériens
- les échelles à mains
- en dernier recours des moyens type LSPCC
Le dessinateur opérationnel, l’oeil du technicien
Créée il y a plusieurs années à la BSPP par le colonel (R) René Dosne, la discipline du dessin/croquis opérationnel fait l’objet d’un engouement au sein des SDIS. Sa mise en valeur lors du feu de Notre-Dame de Paris a eu un effet catalyseur qui a marqué au-delà de nos frontières.
En effet, cette fonction opérationnelle, occupée généralement par un sapeur-pompier expérimenté, fait l’objet d’une formation bien spécifique qui le plus souvent est complétée par les formations PRV2 et Recherche des Causes et Circonstances Incendies (RCCI). L’expertise et l’analyse bâtimentaire et technique de ces sapeurs-pompiers se révèlent être, là encore, un atout majeur pour le COS afin de visualiser en plusieurs dimensions la structure dans laquelle les secours interviennent permettant de cibler les problématiques et affiner ainsi son Idée de Manoeuvre et ses ordres.
Le drone, l’oeil d’en haut
L’avènement des nouvelles technologies trouve également son intérêt chez les sapeurs-pompiers. Ainsi, le drone permet d’apporter une vision globale et en hauteur de l’intervention. Les images fournies permettent donc au COS, à nouveau, de mesurer l’efficacité d’un dispositif ou bien de constater les points de faiblesses qui méritent des dispositions complémentaires. Equipé d’une caméra thermique, le drone peut également fournir une imagerie précise sur les risques de propagations d’un incendie ou les zones soumises au feu non encore reconnues. De nombreux SDIS ont donc opté pour la création d’un groupe drones armé par des télépilotes.
Quelques notions bâtimentaires
Rescue18 ne prétend pas vous faire un cours magistral en connaissances bâtimentaire ; cependant nous vous proposons quelques « éclatés » afin de maîtriser les termes (jargon) principaux et surtout nous vous proposons de consulter trois « Partage d’Information Opérationnelle » (PIO) sur le sujet… Avec une mention spéciale pour l’excellent PIO du SDIS 44 !
PIO : Connaissances bâtimentaires sur les planchers en bois
PIO SDIS de Loire-Atlantique : Le risque bâtimentaire
PIO : Connaissances bâtimentaires sur les murs porteurs
Quelques rappels utiles de prévention
Les habitations
Les IGH
La particularité des bâtiments Haussmanniens
Article Allo18 LeMag complet sur les bâtiments Haussmanniens > Lien ICI
Sources et crédits : SDIS 60 photo d’illustration par Aurélien Dheilly / SDIS 44 / SDIS 41 / DGSCGC / SSIAP / BSPP – Allo18-lemag.fr / LCI / ASP – SP Mag / ENSOSP – PNRS /